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 Sueurs froides en Istrie.

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MessageSujet: Sueurs froides en Istrie.   Sueurs froides en Istrie. EmptyDim 31 Oct 2010 - 16:12

Cela faisait déjà plusieurs mois que Davor Stamenković, jeune croate rallié à la cause révolutionnaire du jeune empire, notait scrupuleusement dans son calepin l'activité du port de Trieste. Alors que l'Europe entière se préparait à converger au nord de l'Italie, son travail devenait enfin déterminant à la cause française et à ses alliés, dont la Croatie, espérait-il, un jour, en rejoindrait les rangs pour échapper à ce qu'il considérait être une occupation étrangère.

Ce matin là, Stamenković se rendait sur les quais pour approcher au plus près ces navires anglais qui venaient de jeter l'ancre en provenance de Méditerranée.
Sommé par des soldats autrichiens de passer son chemin, il réussit tout de même à apercevoir ce qui ressemblait à des uniformes prussiens.
Intrigué par cette nouvelle information, contraire à toute logique, il se rendit dans la rue parallèle. Il lui fallait absolument trouver une chambre dans l'une de ces auberges crasses qui lui donnerait une vue bien plus précise sur le port et, surtout, sur ces prussiens bien trop au sud.

Après s'être délesté du contenu de sa bourse pour parvenir à ses fins, Stamenković monta les marches pour rejoindre son nouveau poste d'observation. Arrivé enfin à sa location, fermant la porte à double tour, il se dirigea vers la fenêtre avec la satisfaction d'avoir parfaitement réussi son stratagème. A chaque pas de plus qu'il faisait, une certaine jubilation commençait à l'envahir. Il ouvrit la fenêtre.

Dehors, le débarquement se déroulait en bonne ordre et quasiment dans un silence religieux. Un homme, aux cheveux noirs et au manteau gris et usé, se tenait sur le pont d'un navire, scrutant de ses grands yeux clairs le port et ses environs avec suspicions et une certaine sévérité. Un officier, sans nul doute. Son costume et celui du reste des soldats présents ne semblaient pas réglementaires, bien que beaucoup arboraient bel et bien du matériel prussien. Mais Stamenković n'eut même pas le temps de s'en préoccuper, ce qui le frappait, c'était la composition totalement cosmopolite de ces soldats. Encore une intrigue de la perfide Albion, se disait-il, prête à recruter des espagnols, des portugais, des italiens, des grecs... Voir même des pirates en provenance des Barbaresques...

Souriant de cette dernière exagération, il prit ses aises afin de pouvoir écrire et, alors qu'il prenait des notes, détaillant de son mieux ce qu'il venait de voir, le jeune croate entendu des ordres criés au dehors : "Haydi, haydi ! Ya Allah !".

Stamenković lâcha sa plume, le sang glacé par ce qu'il venait d'entendre. Son coeur s'emballa et ses mains tremblèrent, son corps entier était hors de contrôle. Toute la fantasmagorie qu'il se faisait sur l'Orient, tout l'imaginaire lié aux contes de son enfance, tous ces horribles portraits qu'on lui avait fait des ottomans et particulièrement des janissaires lui revinrent en tête. Il lui fallait absolument prévenir ses supérieurs et son réseau.

A peine remis de ses émotions, il trouva néanmoins la force de se lever du tabouret sur lequel il s'était assis et s'approcha une nouvelle fois de la fenêtre. Il n'osait pas y croire, il lui fallait en être certain. Hélas, il ne pût jeter qu'un rapide coup d'oeil, car un son aigu et parfaitement reconnaissable le fit sursauter vivement.

"Des ottomans, des ottomans, des ottomans...", se répéta-t-il sans fin, paniquant. C'en était trop. Il referma la fenêtre, attrapa son calepin et se précipita dans les escaliers aussi vite qu'il pût, poursuivi par ses propres fantômes...


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MessageSujet: Re: Sueurs froides en Istrie.   Sueurs froides en Istrie. EmptyDim 14 Nov 2010 - 23:56

Plusieurs semaines auparavant...

Olav Johansen aussi fuyait ses fantômes.
D'origine modeste, l'armée suédoise pour seule famille, ce finlandais se sentait à la fois comme l'habitant de tous les pays et l'apatride de nul part.
En temps de paix, personne ne l'attendait quand il rentrait dans sa ville natale.
A Björneborgs, ou à Pori comme préfèrent l'appeler les finlandais, il n'était plus qu'un vulgaire anonyme, étranger à une société qu'il ne fréquentait plus assez.
Au fond de lui-même, il n'avait pas envie d'y retourner...
Mais c'était sans savoir qu'il ne la reverrait peut-être jamais...


- Ah, enfin ! Asseyez-vous, colonel Johansen !
- Monsieur le ministre...
- Vous avez fait bon voyage ?

Olav était trempé des pieds jusqu'à la tête.

- Autant que la Baltique le permet, monsieur le ministre.
- Je ne vous le fais pas dire, les tapis apprécieront... Bien ! Venons aux faits, j'ai peu de temps à vous accorder. Si je vous ai fait venir ici, c'est parce que vous figurez sur une liste de volontaires au poste d'officier instructeur. Vous vous souvenez bien d'y avoir postuler, n'est-ce pas ?
- Euh oui... Oui, je m'en souviens.
- Bien, vous allez être transféré au service de la Kriegsakademie de Berlin jusqu'à nouvel ordre. Vous partez demain matin de Stockholm sur le HMS Renown, à 5h, direction l'Istrie pour le Piémont. Soyez à l'heure.

Se préparant déjà à se relever de sa chaise :

- Ah... Euh... Bien, monsieur le ministre. Sur un navire anglais...
- Je n'ai pas fini, Johansen.
- Désolé, monsieur le ministre.
- Vous êtes promu au rang de général de division et vous aurez également en charge l'instruction de l'Orta Akdeniz.
- L'Orta Akdeniz et mes hommes ?
- Le régiment Méditerranée. Le Björneborgs Regemente repassera aux mains de Von Döbeln. Selim III souhaite réformer son armée sur le modèle prussien, il a décidé au préalable de mettre un régiment à l'essai. Vous aurez sous votre responsabilité les hommes du padischah et une poignée de renégats européens pour vous y aider. Vous pourrez emporter avec vous l'un de vos majors. Vous avez bien été démarché par l'un de leurs émissaires récemment ?
- Oui, mais... Comment vous le savez ?
- Nos services de renseignements sont partout Johansen et nombreux sont nos amis à surveiller les ottomans... Tenez-vous à carreau donc, car nous vous considérons toujours comme un sujet obligé du Royaume de Suède... Votre intégration au corps russe à été bénéfique aux relations que nous entretenons avec le tsar, mais votre loyauté envers la couronne en est remise en cause. Le message est clair ?
- On ne peut plus clair, monsieur le ministre... Mais bon... Un varègue à Constantinople, y'a pas de quoi en faire une affaire d'état... Je dirais même que c'est du déjà vu...
- Ne faites pas semblant de ne pas comprendre. Vous signerez un contrat de trois ans avec la Porte et après, c'est retour au pays. Vous enverrez un rapport tous les mois.
- Et bah voyons... Moi qu'envoyait jamais de courrier du front...
- Johansen, je me passe très bien de vos commentaires. Tenez... Voici vos accréditations, laissez-passer, passeports. En suédois et en anglais d'une part... Voilà... Et en turc et en perse d'autre part, comme le veut leur tradition administrative. Votre nouveau nom sera désormais Ata Hovhannes Aksaç Paşa.

Le finlandais esquissa un sourire...

- Pacha... C'est Byzance, monsieur le ministre, vous êtes trop bon...
- Oui, oui, oui... Bah, rêvez pas, mon vieux. Vous feriez bien de profiter de vos derniers moments ici. Allez, filez ! Vous pouvez disposer, je n'ai plus besoin de vous.
- Comme il vous plaira, monsieur le ministre...

Le vieux renard voyait cette opportunité comme une porte de sortie, et pas n'importe laquelle... La Porte, la Sublime...

Arrivant enfin dehors, la fraicheur de l'automne scandinave l'envahissant, un frisson de bien être le parcourut de tout son long.
Puis, jetant son regard sur la ville endormie, il réchauffa son coeur au vent et à l'espoir de ses futures turqueries.



Ludwig van Beethoven, Les Ruines d'Athènes, "Marche turque" (1811).
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