Les rayons du soleil ne chauffaient plus en cette fin d'après midi. A cheval depuis 8 heures, le Colonel Bolchoï Medved faisait d'incessants allez retours entre ses deux bataillons. Les grenouilles ont attaqué ce matin, et le régiment des Grenadiers de la Steppe a eu fort a faire pour les repousser. Le soir arrivant, la discipline se relâchait, les hommes allaient moins vite a exécuter les ordre, les fusils n'étaient plus rechargés aussi rapidement.
Pourtant les bataillons français continuaient encore et encore leurs assauts contre la ligne russe.
-C'est le moment critique se dit Bolchoï Medved Les grenouilles sentent que nous devenons fébriles ! Il ne faut surtout pas que les hommes se laissent aller !! C'est maintenant qu'ils doivent montrer qu'un russe est plus tenace que le cuir !!
-Mon colonel, le major Malenky a été blessé par une balle française, je craint que le moral de son bataillon soit en baisse ! vint lui annoncer un aide de camp.
-Comment ça, le moral baisse ? Je vais aller commander moi même ce bataillon. Dit le colonel Les Franskis attaquent, il faut une poigne ferme pour que l'assaut soit repoussé.
Son cheval parti au trot vers le bataillon russe assaillit par les lignards de la Grande Armée.
Arrivé sur place Bolchoï Medved organisa les troupes, prononça une courte harangue pour remonter le moral de ses hommes, courte mais vibrante: elle se termina dans un grand Hurra !! poussé par ses soldats.
Alors qu'il donnait ses ordres, un grand souffle projeta le colonel a terre. Face tournée vers le ciel, il ne voyait pas son cheval éventré a coté de lui. Un officier de son état major prit le colonel dans ses bras pour le redresser.
-Mon colonel ! dites quelque chose !! lui disait l'officier affolé.
Bolchoï Medved avait la tête bourdonnante, il tremblait. Surtout il vit du coin de l'oeil que sa jambe avait disparu, elle n'était plus qu'une bouillie de chair et de sang.
-Maudits Franskis ! bredouilla-t-il Cette fois les grenouilles mon eu !! Qu'ils se fassent du soucis: je les attendrais en Enfer !!
Il se passa quelques minutes au cours desquelles le fier Colonel Bolchoï Medved ressentit un profond bien être, loin de la fureur et du fracas des armes. Se vidant lentement de son sang, il sentait la vie s'en aller de lui. Il était paisible dans la mort, il a accomplit son devoir jusqu'au bout, pour le Tsar, pour la Sainte Russie.