Souvenirs d'une campagne

Cela aurait pu être la fin du voyage, tous ces kilomètres parcourus...en vain. J'étais parti plein d'espoir, vous pensez! Un survivant de la campagne de la Loire, encore vivant, au Mexique! Mes investigations m'avaient amené a Oaxaca, des mois de recherches, tout cela pour arriver trop tard. Je regardais, dépité le cercueil recouvert d'un drapeau tricolore fané sortir de la petite église franciscaine sous un soleil de plomb, je m'apprêtais à repartir vers mon hôtel lorsqu'un homme d'une quarantaine d'année, une bouteille d'eau de vie à la main m'interpella. C'était le fils du défunt, à ma surprise il insista pour m'offrir un verre, la tradition me dit'il, voulait que chaque personne présente à l'enterrement boivent à la mémoire du disparu. Étais-ce le hasard? Étais-ce un miracle? Jamais en d'autres circonstances je n'aurais osé troubler une famille en deuil, mais ce verre de tequila m'en donnait l'occasion, peut être après tout, le père avait-il raconté ses campagnes à son fils?
Il avait fait mieux encore, cette fameuse campagne de la Loire, il l'avait racontée dans un journal! Les pages avaient jaunis, mais la gloire qu'elles recèlent brillent encore de tout leur éclat, aucuns commentaires, aucune préface n'est nécéssaire à leur compréhension, je les livre donc telles que je les ai reçues aux lecteurs qui sont restés passionnés par les bataille de ces temps.

Journal de campagne du sergent Hernan Perez du Primero mosqueteros de Oaxaca

Samedi 19 mai.

Et bien voila, j'y suis! Des mois de voyage pour rejoindre le régiment, mais cette fois nous y sommes. Depuis hier toute la division c'est concentrée au sud de Vendome, il parait que demain on fait mouvement vers l'ennemi.

Samedi 26 Mai

Chateauroux, enfin! Les hommes sont épuisés, voila huit jours que nous avançons à marche forcée, le Général Lusignan nous fait tenir un train d'enfer! Chateau-Renault jusqu'à Amboise, en une étape! Et à peine arrivé qu'on doit déja repartir car le chemin doit rester libre pour les Bavarois qui approchent. Bieré, Loches,Ecueillé, Buzençais... et enfin Chateauroux! Les camarades du deuxième bataillon, tous vétéran de la campagne d'Irlande se moquent de nous... "ça n'a pas encore croisé l'ennemi et c'est déja mort de fatigue" disent-ils en nous voyant. Le pire, c'est qu'ils ont raison! Huit jours de marche et toujours pas un soldat coalisé en vue, serait ils en retraite?

Lundi 28 mai

Chateauroux est perdu. La nouvelle a circulé sur tout le front de la division comme un coup de tonnerre. Nous avons reçu l'ordre de franchir la rivière a l'ouest de la ville et de nous déployer en plaine au nord de Luant tandis que l'Armée du Duché de Varsovie couvrira notre flanc gauche et appuiera l'assaut sur Châteauroux réalisé par la Castilla y Lèon. Tout cela est bel et bon, mais sur notre droite les Bavarois n'ont laissé que quelques éléments, des voltigeurs pour l'essentiel, et sur notre gauche l'Armée du Duché de Varsovie doit progresser dans une vaste forêt, et pour couronner le tout nos batteries d'artillerie ne nous ont pas encore rejoint, le franchissement de la rivière c'est averé difficile pour nos canonniers.

Face aux hommes, je fais le brave, mais au fond , je ne suis pas rassuré. Et ces russes qui avancent à l'est? Ou sont les belges du IIIeme corps? Arriveront-ils à temps?

En face de nous, on aperçoit clairement désormais une longue ligne qui barre tout l'horizon, ce sont les prussiens! Toute une division apparemment , et derrière eux , on voit par moment des reflets métalliques, ce sont les rayons du soleil couchant qui effleurent la gueule de ces monstres provisoirement endormis que sont les canons de huit livres. Demain sera jour de colère, dies irae, de qui sera-ce le requiem? Eux? Ou nous?



( parcours de mon régiment^^ je posterai la suite euh, quand je m ennuye, faut bien meubler l intercarte)

Mardi 29 mai

Le désastre! Notre premier combat a rapidement tourné à la débâcle. Fraîchement arrivés, peu aguerris, nos hommes sont tombés sous les salves des fusiliers prussiens comme des épis de blé sous la faux du moissonneur. Cette plaine, si désespérément plate , pas un arbre ou s'abriter... Dès les premières salves les hommes sont tombés par rang entiers, les survivants, abasourdis par le bruit du combat ont perdu les quelques pauvres rudiments de combat qu'on avait pu leur enseigner en si peu de temps. Ils ont fui, éperdus, lâchant leur fusil, leur cartouchières et tout leur fourniment. Comme un malheur ne vient jamais seul, leur fuite a mis à découvert le flanc du bataillon de grenadiers, eux aussi ont étés décimés, seuls le second bataillon a tenu bon. C'est la rage au coeur que j'ai quitté le champ de bataille, à la suite de mes hommes, tentant par tous les moyens de les regrouper tandis que je voyais au loin flotter, impavide, le drapeau du second bataillon, portant en lettre d'or les noms de ses victoires.

Nous sommes en route, une fois de plus, les hommes sont honteux, le colonel Optiréal est venu en personne les regrouper, et il n'a pas été tendre! Pourtant ce ne sont pas de mauvais garçons, ils marchent aussi vite que leurs jambes peuvent les porter, et ils sont en colère, leurs joues sont encore rouges de l'affront qu'ils ont subit, je plains l'ennemi à notre prochaine rencontre!

Mercredi 30 mai

Toute la journée nous avons rendu coup pour coup, les plaines au nord de Luant sont le théâtre de féroces combats, mais cette fois notre artillerie est en appui. Les échanges de tirs sont continus, le bataillon, rangé en ligne , fait feu sans discontinuer depuis des heures. Les canon des fusils sont brûlants, les hommes ont soif, leurs sourcils sont brûlés par la poudre, mais il n'est pas temps encore de se reposer, tant que la lumière le permet nous tirons.

Le soleil se couche lentement sur cette plaine meurtrie, labourée par les boulets, parsemée de cadavres. L'ennemi se retire, il nous a vaillamment combattu, mais nous avons tenu! A peine le dernier coup de feu lâché, les hommes s'étendent et s'endorment, sur place, sans même prendre la peine de monter un campement. Dormir est plus important que tout, car demain à nouveau nous combattrons et les yeux devront être aiguisés et les mains fermes si nous voulons contenir ces diables de Prussiens.

Vendredi 1er Juin

Châteauroux est repris! Il était temps! Les hommes n'en peuvent plus. Ils ont tenu, c'est l'essentiel. J'ai entendu le colonel Optiréal discuter avec le Général Lusignan, apparement l'armée du Duché de Varsovie va attaquer les prussiens par le flanc... Pourvu qu'ils arrivent assez vite, cette plaine ne nous vaut rien, les voltigeurs Mexicains sont fait pour l'escarmouche, cette bataille rangée les a saigné à blanc.