Journal d'un jeune Colonel en campagne

Dans ce fil, vous trouverez sous forme de feuilleton mon journal de campagne que j'ai déjà publié au fil de l'eau dans la partie British First Corps du forum.
Bonne lecture.



Le 21 janvier

Après deux semaines de campagne, notre Corps d’armée vient de prendre vaillamment la ville de Krakow, objectif majeur de notre commandant en chef Marcus. Notre moral est au plus haut. Il est certain que nous ne craignions personne, surtout pas ces malheureux Français déguenillés, mal commandés, au ventre creux. Ah la boucherie ! Ça nous fera encore de bonnes histoires à raconter dans les auberges de Cornouailles.

Il me faut quand même avouer que tout ce que je vous raconte, je l’ai eu par ouïe dire seulement. Mon régiment ne fait qu’approcher de la première ligne. Nous entendons au loin les canons. Nous voyons les blessés aller se faire soigner à l‘arrière, peu nombreux heureusement. Car pour nous, l’heure de la bataille n’a pas encore sonné. Pourtant nous piaffons d’impatience, les hommes sont pressés d’en découdre.

Il m’est arrivé ces derniers jours d’avoir le soir le moral dans les chaussettes, lesquelles ne sont plus que lambeaux dans des bottes qui n’ont pas vu beaucoup de cirage depuis longtemps. C’est dans ces circonstances que j’aime à sortir de sa réserve une bonne bouteille de whisky, ou de Porto apportée par une connaissance de la Divisão Portuguesa, et que je partage volontiers avec mon aide de camp.

Deux semaines que nous marchons. J’ai bien un cheval en tant que Colonel ! mais je dois être trop jeune dans le grade, on m’a donné une carne pas très vaillante.  A propos de jeunesse, je constate que les traditions ne se perdent pas. J’ai eu le droit à des messages fort « sympathique » de la part de mes ainés lors de mon intégration au BFC. J’ai eu trente-six surnoms que je préfère passer sous silence, j’ai dû manger sans couvert à la table des Colonels, approvisionner en vin, et parfois en filles… De toute façon, je n’ai que le grade de Lieutenant-Colonel avec fonction de chef de corps, ce qui m’oblige, ou me permet, je ne sais plus, à vivre Colonel le jour et Lieutenant la nuit. Cela pardonne tous les excès.
Depuis, plus jeune que moi est arrivé. Je vous laisse imaginer le pauvre Bolitho…

Que de fois avons-nous dû stationner en attendant de pouvoir avancer. La route était envahie de convois en tout genre, de troupes, de ravitaillement. Les canons ne sont pas rapides et bloquent souvent aux passages délicats.

Et quand ce n’était pas tout cela, ma troupe était rejetée sur le bas-côté pour laisser passer la voiture de Monsieur le Général Johan de Callière en personne, qui tous les soirs, va dormir au Château de Ganzlin. Quand on voit l’allure à laquelle il y retourne le soir, on se dit que la chère, le vin, la musique, le bal et la compagnie doivent être bien agréables. Mon instructeur le Colonel Huntington m’a soufflé que la princesse Birgit quelque chose a des formes plus que généreuses et, hum, je préfère me taire, la censure veille et ça sentira le roussi pour mon avancement si ça continue.
Ganzlin est maintenant trop loin, il doit se contenter d’une maison de maître locale. Je sais de source sûre qu’il y est fort bien accueilli par la maîtresse des lieux.

Bref, reprenons. La traversée de Plau-am-See fut une catastrophe. En approche, la troupe avance puis voyant que tout est bloqué, nous voilà obligé de faire demi-tour sur la route étroite, les moyeux qui grincent, les chevaux énervés… Il fallait dégager malgré tout, on ne peut stationner sur la route, c’est la règle. C’était l’heure du casse-croute, les hommes sont devenus de plus en plus grognons. Une histoire de besoins primaires comme ils disent à Sandhurst. Mes Majors eux-mêmes bougonnaient. Je les connais bien ces deux là, ils servaient déjà mon père. Ils sont braves, roublards, débrouillards, ils vous tirent de toute situation, mais parfois leur intelligence fait défaut. Il faut d’ailleurs les surveiller comme des enfants.

C’est là que j’ai commis une erreur, au lieu de nous reposer en attendant sagement notre tour, j’ai voulu, et contre l'avis de tout mon Etat-Major, aller tout de suite par le pont des sapeurs. Cela nous a entrainé dans les bois, une route impraticable avec tout notre barda. Ce fut long difficile, et sans doute inutile. Du coup, le pont passé, j’ai accordé à la troupe, et à moi-même, une soirée de quartier libre à Plau dont je garde le meilleur souvenir... Il nous fallait bien ça. On ne peut pas dire que nous soyons reparti d’un bon pas le lendemain, mais bon, les généraux n’y ont vu que du feu.

Depuis, toujours la même rengaine. C’est marche ou crève ! Le Général Bruce nous a expliqué le plan du Maréchal Marcus. Il paraît qu’on va marcher encore longtemps, d’abord vers le Nord, puis vers l’Est. Jusque là tout va bien, je comprends, mais vers le Sud ensuite ! C’est bien l’HEM tout ça ! Ils ont un plan disent-ils, mais seuls eux le comprennent. Alors que nous autres, pauvres hères, c'est du combat, de la furie qu'il nous faut !

Enfin, peu importe, ce soir, Krakow est à nous, et nous buvons à la santé des Françaises !

Colonel Helford

Oui oui, un début très aguichant !

On veut la suite

Comme mes camarades bleu cyan, j'attends avec une grande hâte la suite !

A parce que vous la connaissez pas la suite

Nikolaï Condriev a écrit:

A parce que vous la connaissez pas la suite

Bah en fait, c'est pas tant les faits que la manière dont ils sont narrés qui m'intéressent.

On a loupé un épisode.. Nikolaï

Et puis l'histoire on la connait, mais quelle plume !

C'est comme la Série GoT, c'est sympa à regarder mais lire la Saga c'est toujours plus immersif

M'en fiche, j'ai déjà lu les deux prochains épisodes : c'est toujours aussi bon !

Jan Schnee a écrit:

C'est comme la Série GoT, c'est sympa à regarder mais lire la Saga c'est toujours plus immersif

Nathan a écrit:

M'en fiche, j'ai déjà lu les deux prochains épisodes : c'est toujours aussi bon !

C'est comme attendre l'intégrale suivant de GoT... :/

superbe.....

une belle plume, bravo à la per... PAF, euh à vous fier colonel....

et vivement la suite

;-)

Merci au jeune Colonel pour ce bon récit et aussi d'avoir choisi Salcombe un si jolie petit port ce qui me rajeuni de plus de 50 ans
j'ai toujours la casquette de collège de Plymouth mon achat lors d'une visite familiale...
Stop à la mémoire mélancolique et bon jeu à tous

PS : on attend la suite quand vous avez malheureusement rencontré les baïonnettes Bavaroises dans les bois, pour ne pas parler des Albanais
Pauvres petits chaperons rouges

Pareillement, bravo et nous voulons la suite!

Nathan Huntington a écrit:

M'en fiche, j'ai déjà lu les deux prochains épisodes : c'est toujours aussi bon !

je confirme, je crois qu'on va le garder ce petit kinder

nous sommes impatient, j'espère que cela sera publié avant l'intercarte

En plus rusé notre british coté intox sur sa position et celle de son GdC, en fait il chasse l'Xp comme un damné face à ma division
qui gentillement joue le jeu...malgré le feu intense des batteries
Au moins il reste motivé ce qui malheureusement n'est plus le cas de beaucoup trop de joueurs

Le feuilleton continue... avec une tentative de présenter le fac-similé de l'original.

ah le face à face contre le père Krasnov

Le début des problèmes dirais je..

..de la rigolade comparé à la triste "perte de la cantine". J'ai adoré ce passage.

Zato a écrit:

..de la rigolade comparé à la triste "perte de la cantine". J'ai adoré ce passage.

Tu lui as pas dit que c'est toi qui a récupéré enfin piqué ses pantoufles ... enfin Biquette plutôt

C'est très agréable à lire. Merci.

Superbe !

La bataille fait rage...

Décidément, c'est toujours aussi excellent. Un vrai plaisir à lire. Merci !

Une fort belle plume, aussi juste que les tirs des bataillons de votre régiment !

En outre, colonel Helford, je pense que j'ai quelque chose qui vous appartient. On m'a apporté, après la prise de Lalendorf, une série d'objets laissés là par les officiers du BFC, à la publication de ce passage de votre carnet, je me rends compte que j'ai pu récupérer le médaillon que vous décriviez.
Je vous envoie sur le champ un messager pour vous le rapporter.

Au plaisir de lire la suite !